Former les professionnels du développement local, une nécessité
Former les professionnels du développement local, c’est le rôle que s’est donné le CIEDEL. Pourquoi miser sur la formation et comment la formation du CIEDEL répond aux enjeux cruciaux du développement ?
Le monde change, le développement aussi
Les théories et les pratiques de développement en vigueur au 20ème siècle ont été profondément modifiées par la mondialisation, ses crises successives, et l’émergence de nouveaux questionnements sociaux ou environnementaux.
Le rêve de développement (matériel), qui semblait à la portée de tous, s’est heurté notamment à la réalité d’une planète finie. Même s’il a eu des effets positifs, certaines de ses dimensions ont paradoxalement appauvri des territoires entiers. On pense par exemple aux territoires ruraux désertés avec la mondialisation, ou encore aux pays qui exploitent leurs ressources au bénéfice de quelques-uns, ou parfois au profit d’autres pays. Petit à petit, l’idée qui s’était propagée à l’échelle mondiale d’un développement uniquement lié au progrès économique global, a commencé à s’affaiblir.
Cette remise en cause a créé des opportunités pour les territoires. La décentralisation, la reconnaissance progressive du rôle de la société civile dans la définition des politiques publiques ou encore le passage en 2015 des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) aux Objectifs du Développement Durable (ODD) offrent de nouvelles manières de penser le développement, et le rôle des acteurs locaux dans sa définition et sa mise en œuvre. Le concept anglophone du « Glocal » (penser global, agir local) a très bien résumé les interdépendances (et la tension) qui existent entre l’échelle locale et l’échelle globale : d’un côté, il importe d’avoir une vision globale, de l’autre, il est nécessaire de dégager des libertés d’agir au niveau local, en fonction des ressources disponibles et du projet de société dans lequel les acteurs se reconnaissent.
On constate pourtant aujourd’hui, partout dans le monde, une tentation des Etats de recentraliser les pouvoirs, et un recul de l’idée de développement local. Dans le même temps ils se fragilisent et les acteurs politiques ont de plus en plus souvent recours aux partenariats publics/privés. Enfin, le phénomène d’internationalisation des territoires auquel nous assistons aujourd’hui finit de complexifier le paysage, et donc réinterroge fortement le rôle des professionnels du développement local.
Former les professionnels, c’est donner la possibilité aux acteurs de chaque territoire de se prendre en main et d’inventer demain dans leur pays et dans le monde
Face à l’ampleur des enjeux (allons demander à un habitant des Maldives comment il vit le réchauffement climatique), il est crucial de penser le développement en lien avec la spécificité de chaque territoire, et ce à trois niveaux :
- Intra-territorial
Les territoires sont aujourd’hui composés d’une diversité d’individus, d’organisations, qui portent chacun leur culture et leurs propres objectifs. Cette diversité a été renforcée par la mondialisation et les différents phénomènes décrits précédemment. Le premier enjeu du développement local est de faire de cette diversité une force, et d’arriver à faire travailler ensemble les différents acteurs des territoires. Les idées et les capacités d’une association sont aussi importantes que celles d’une collectivité territoriale ou d’un groupe d’habitant pour faire émerger les solutions pour demain et améliorer le quotidien de tous. - Supra-territorial
Il ne s’agit pas de dire que chaque territoire va agir seul ; on sait bien aujourd’hui que non seulement il ne le pourrait pas mais qu’en plus il risquerait de faire des dégâts chez ses voisins. Le cadre législatif global, les politiques publiques au niveau national… restent donc des facteurs décisifs pour orienter le changement. Mais il est indispensable de le faire en dialogue avec les territoires. C’est le deuxième enjeu du développement local : faire des liens entre les différentes échelles territoriales. Dans un sens, cela permet d’inscrire le développement des territoires dans un cadre national et international cohérent, et donc d’avoir les moyens d’agir sur des problématiques globales. Dans l’autre, cela permet de faire remonter les initiatives des territoires pour leur donner de l’ampleur, diffuser les pratiques qui fonctionnent. - Inter-territorial
Le troisième enjeu repose sur la mise en réseau des territoires, en fonction de leurs problématiques ou de leurs projets communs. On peut citer le mouvement des villes en transition, ou le réseau des villes « creative cities » de l’UNESCO. Cette mise en réseau participe à faire émerger de nouvelles idées et surtout à partager les trouvailles, à leur donner de la visibilité… et donc à les essaimer.
Ce renouvellement des approches doit s’accompagner d’une réflexion sur la démocratie et le rôle des autorités publiques locales dans leur capacité à animer une dynamique de développement local au service de l’intérêt général.
Former les professionnels capables d’aider les acteurs de terrain à travailler ensemble
Pour répondre à ces enjeux, le CIEDEL a fait le choix de former les professionnels du développement local. Ces derniers ont un rôle crucial à jouer pour mettre en lien différents individus ou organisations, mais aussi pour impulser des dynamiques. Ils peuvent par exemple faciliter les actions conjointes entre une mairie et des collectifs d’habitants, adapter une politique publique nationale au niveau local, mettre en place un espace de concertation entre des communautés locales et une entreprise internationale implantée sur le territoire, animer un réseau de communes rurales etc.
La diversité du parcours et des postes des professionnels du DL est à l’image de celle des territoires : infinie. Le CIEDEL a donc choisi d’en faire une force, et de baser sa pédagogie sur quelques éléments clefs :
- Former les professionnels en situation multiculturelle : la formation regroupe des professionnels de professions, nationalités, âges, religions… variés.
- Pour en faire une richesse, le CIEDEL s’appuie sur leurs expériences et leurs pratiques pour construire la formation. Les formateurs font évoluer les contenus en fonction des apports de chacun. On parle d’hybridation des savoirs et des pratiques.
- Les professionnels apprennent avant tout à analyser les contextes, relire et questionner leurs pratiques. La formation permet aux professionnels de repartir avec la capacité de faire émerger des idées nouvelles, de valoriser les ressources et les idées dans leur territoire.
Ce sont aujourd’hui plus de 1000 professionnels qui ont été formés à Lyon : ils ont sans doute permis à un très grand nombre de personnes de se parler, de s’écouter, de mieux se comprendre et de travailler ensemble. C’est pourquoi la formation est essentielle : elle produit un véritable changement.