Une recherche-action sur des alternatives aux procédés polluants d’extraction d’or artisanal
Article mis à jour : 25/07/2018
Depuis 2007, le CIEDEL, en collaboration avec Eau Vive Burkina Faso, est opérateur de la coopération décentralisée du Grand Reims avec les communes de la province du Ganzourgou (Burkina Faso). C’est dans ce cadre que nos deux organisations se sont impliquées dans une recherche-action pour trouver des alternatives à l’utilisation du mercure et du cyanure dans l’extraction d’or artisanal, un secteur important de l’économie sous-régionale.
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Une recherche lancée suite à un travail sur la filière déchets
Depuis 2007, le CIEDEL en collaboration avec Eau Vive Burkina Faso est opérateur de la coopération décentralisée du Grand Reims au Burkina Faso. Cette coopération décentralisée concerne les communes de la province du Ganzourgou et tout particulièrement la commune de Zorgho.
Le projet de cette recherche action est né à l’occasion d’une étude sur la filière des déchets dans la commune de Zorgho. Bien que Zorgho ne compte pas de sites d’extraction d’or sur son territoire, des producteurs artisanaux effectuent le traitement du minerai à l’intérieur du périmètre urbain, à proximité des bornes fontaines du réseau d’eau communal. Ce traitement urbain utilise principalement du mercure ; une partie du traitement réalisé en amont dans l’aire rurale s’appuie sur l’utilisation du cyanure.
Les dangers du cyanure et du mercure
Le cyanure – dont le danger est avéré en dehors d’un usage contrôlé – n’est dangereux que quelques jours. Il est ensuite dégradé par la lumière et n’est pas rémanent.
Le mercure présente un problème à plus long terme. Il met en danger les populations et l’environnement à plusieurs niveaux. Le risque d’inhalation des vapeurs est le risque le plus direct, notamment pour les personnes qui traitent l’or. Mais le problème de fond se situe surtout dans la contamination environnementale des sols, de l’eau et ensuite de tous les êtres vivants (poissons, mammifères, plantes).
Outre les effets directs sur la santé humaine et animale, la contamination par le mercure peut gagner les produits agricoles, l’élevage et les cultures aquatiques. Les produits deviennent impropres à la commercialisation et en particulier à l’exportation créant, en plus des problèmes de santé et d’environnement, des problèmes économiques.
L’or artisanal, essentiel à la vie de milliers de foyers au Burkina Faso
A ce titre le Burkina Faso a adhéré à la convention de Minamata qui interdit l’usage du mercure. Mais celle-ci peine à être appliquée. En effet, l’or artisanal reste très important pour l’économie de nombreux foyers au niveau sous-régional. Rien qu’au Burkina Faso on estime que l’exploitation artisanale de l’or représente 25 % de la production. Elle représente un revenu important ou complémentaire pour environ un million de personnes.
L’enjeu de la recherche-action est de taille. Si des procédés alternatifs émergent, leur impact sera essentiel sur l’économie de la mine artisanale.
Une étude multi-acteurs pour une démarche de développement local
La recherche, qui a reçu l’appui du SCAC de l’Ambassade de France, du F3E, de la Coopération Suisse et donc du Grand Reims, est aujourd’hui pilotée par les communes concernées. Elle est menée avec l’appui de deux bureaux d’études, ARM (Colombie, sur la partie technique) et ACACIA (Burkina Faso, sur la partie sociale). Le CIEDEL et Eau Vive contribuent surtout à la coordination des différents acteurs et au suivi du chantier.
La recherche-action a demandé un long travail préparatoire pour :
- Faire assumer le pilotage de l’étude par les communes concernées, qui sont les premières responsables des activités menées par les artisans orpailleurs sur leur territoire ;
- Assurer l’implication des artisans orpailleurs qui effectuent le traitement du minerai ;
- Assurer l’accord des autorités administratives burkinabé en charge de l’exploitation aurifère ;
- Identifier des procédés techniques adaptés.
4 procédés identifiés, 2 mis en tests, et la nécessité de mutualiser les informations
Un consultant minéralurgiste d’ARM a mené première mission de terrain pour caractériser les procédés actuellement utilisés. Après avoir prélevé des échantillons de minerai pour analyse, quatre procédés techniques ont été identifiés :
- Un procédé de gravimétrie par centrifugation destiné à améliorer le taux d’extraction primaire du minerai ;
- Un procédé chimique de séparation de l’or des concentrés de la centrifugation (à la place du mercure utilisé actuellement) ;
- Un procédé de dépollution des sols pollués au mercure ;
- Un procédé de cyanuration contrôlée pour extraire l’or des rejets de traitement par gravimétrie du minerai.
Une deuxième mission du consultant et de l’équipe d’ARM a eu lieu en mars 2018 pour lancer les expérimentations de terrain en particulier sur les deux premiers procédés. Un suivi approfondi est mis en place pour vérifier le bienfondé de l’utilisation des nouvelles techniques.
L’enjeu est de taille. Si des procédés alternatifs sont identifiés, leur impact sera essentiel sur l’économie de la mine artisanale.
La recherche continue, premiers résultats des expérimentations fin 2018
Si les résultats de la recherche action sont concluants, ils seront diffusés lors d’une réunion internationale à Ouagadougou. La perspective ensuite sera de travailler sur différents terrains en Afrique de l’Ouest pour contribuer à mettre en place une filière « propre » d’exploitation artisanale de l’or. Cette dernière génère bien plus d’emploi et de ressources locales que l’exploitation industrielle mécanisée.
Pour se donner toutes les cartes en main, il faudrait pouvoir identifier, comparer et tester un ensemble de procédés le plus large possible. La recherche avait démarré par un appel à contributions et de nombreux soutiens nous avaient orienté sur des pistes d’alternatives. Nous renouvelons aujourd’hui cet appel pour rechercher tous les procédés qui peuvent être efficaces et mutualiser les informations. Nous nous engageons à diffuser les résultats de ces expérimentations dès qu’ils seront connus, soit a priori durant le second semestre de cette année.